Crise du quart de vie: quand l’herbe semble plus verte partout ailleurs

Les vingtenaires connaissent bien cette situation: on regarde autour de soi et on fait face à une infinité de choix de vie qui pourraient difficilement s’avérer plus différents les uns des autres. Si certaines personnes dans cette tranche d’âge font encore des études, d’autres songent à fonder une famille ou espèrent trouver un jour le job de leurs rêves, insatisfaites de leur situation. Bienvenue dans la crise du quart de vie.

Une période de désorientation

La crise du quart de vie, ou «quarter-life crisis» en anglais, survient généralement à l’aube de la trentaine et se manifeste différemment selon les personnes. Il s’agit principalement d’une crise existentielle et d’orientation au cours de laquelle les décisions, les valeurs et les objectifs antérieurs sont remis en question.
Pour beaucoup de jeunes, le cap des 25 ans correspond à une étape charnière de la vie, marquée par des changements importants comme la fin des études ou de la formation professionnelle et l’entrée dans la «vraie» vie adulte. Au cours de cette période, bon nombre redéfinissent leurs priorités et préparent les prochaines étapes.

La fameuse quête de sens

Durant la crise du quart de vie, on a souvent le sentiment de ne plus être en phase avec l’existence que l’on mène. On se lance alors dans une quête de sens motivée par l’insatisfaction et le doute qui prennent de plus en plus de place. Si l’avenir est au cœur des inquiétudes, les décisions déjà prises n’échappent pas au questionnement. Le fait de se comparer sans cesse aux autres, au-delà de son entourage, peut donner l’impression que l’herbe est toujours plus verte partout ailleurs.

Troubles du sommeil, problèmes de concentration, tension et nervosité intérieures sont notamment les manifestations physiques qui peuvent accompagner les ruminations mentales lors d’une crise du quart de vie. Selon Nora Schär, psychologue chez santé24, l’environnement relationnel immédiat peut également faire les frais de cette crise. «Il arrive, par exemple, que les personnes touchées prennent leurs distances avec leur cercle amical et leurs connaissances», explique Nora Schär.

Si ces symptômes persistent, voire s’aggravent et que les discussions avec les proches n’apportent aucune amélioration, un soutien psychologique peut s’avérer utile dès ce moment-là.

Causes et déclencheurs d’une crise du quart de vie

Beaucoup de personnes imaginent dès l’enfance à quoi devrait ressembler un jour leur vie future. Et pour la grande majorité, ces projections intérieures ne s’atténuent pas avec l’âge. Très souvent, il s’agit d'un plan de vie «parfait» censé répondre aux injonctions sociales comme la réussite professionnelle, la sécurité financière et une relation stable.

Les projets personnels semblent soudain incertains, on se sent perdu. Les personnes qui ont tendance à avoir une faible estime de soi, à être perfectionnistes ou trop portées sur l'introspection présentent un risque accru de traverser une crise du quart de vie.

Influence des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux ne montrent presque que des vies parfaites: une maison à 26 ans, un enfant, un couple solide et la réussite professionnelle – et tout cela en même temps. Les personnes en pleine crise du quart de vie mesurent leur cheminement à travers le prisme des parcours des autres. La comparaison constante renforce le sentiment de ne pas pouvoir rivaliser, de ne pas être à la hauteur ou d’être en «retard» dans sa vie.

Dans le même temps, les réseaux sociaux nous font miroiter une multitude de possibilités qui semblent à la portée de toutes et tous. Cela ne fait qu’accroître l’incertitude. Dois-je m’expatrier ou créer ma propre start-up? Selon Nora Schär, un champ des possibles trop vaste peut donner le vertige et compliquer la prise de décision. En psychologie, ce phénomène s’appelle le paradoxe du choix («paradox of choice»).

Mais les réseaux sociaux n’ont pas que des inconvénients. En les utilisant avec discernement et en suivant des comptes appropriés, on s’aperçoit vite que beaucoup de gens vivent la même chose. Cela facilite les échanges avec des personnes partageant les mêmes idées et montre que ces problèmes sont récurrents.