Randonner au printemps sans mauvaises surprises

À peine a-t-on remisé les skis à la cave que l’on sort les chaussures de marche de leur carton. Lors des premières randonnées de printemps, certains risques naturels doivent être anticipés: les dernières traces de l’hiver, l’instabilité de la météo ou les tiques constituent des dangers potentiels dont il faut tenir compte dans une planification rigoureuse.
Auteur:
Fabian Reichle

 

Le printemps revient, et avec lui la saison des randonnées pédestres. Mais les randonneuses et randonneurs impatients de partir à la conquête des sommets doivent veiller à une planification rigoureuse. Car, à cette saison, si le Plateau et les vallées alpines reverdissent déjà sous les chauds rayons du soleil, les altitudes plus élevées sont encore soumises à des conditions hivernales, synonymes de dangers naturels concrets. Sans compter les autres périls qui jalonnent les sentiers à la faveur du redoux.

Dans la nature, et en particulier en montagne, chaque saison présente son lot d’embûches. À cet égard, le printemps n’est pas plus dangereux que l’été, l’automne ou l’hiver. L’important est de bien avoir conscience des conditions que l’on peut rencontrer. En intégrant tous ces aspects dans une planification réfléchie, il est possible d’assister aux premières loges à l’éveil de la nature et de capter toutes les facettes de cette formidable métamorphose.

Champs de neige: les pièges que l’hiver laisse derrière lui

Au printemps, en fonction des conditions météorologiques, on peut s’attendre à trouver encore de la neige dès 1000 mètres d’altitude. Selon les précipitations hivernales et la topographie, en particulier sur les versants nord ou dans les couloirs ombragés, des champs de neige peuvent subsister jusqu’en été.

Outre les risques de chute sur les chemins enneigés, il faut tenir compte des risques d’avalanche de fonte. Ainsi, on consultera au préalable le bulletin d’avalanches et on pensera à emporter des crampons ou des chaînes et des bâtons de marche, nécessaires pour évoluer sur certains terrains.

Les ponts de neige appellent une vigilance particulière: ils dissimulent des écoulements d’eau de fonte ou des ruisseaux qui creusent la neige sous la surface et peuvent se rompre lorsqu’on tente de les traverser. Des pièges difficiles à identifier.

Même lorsqu’un champ de neige est praticable, il faut tenir compte des facteurs que sont le temps, l’orientation et la fatigue. Sous la couche de neige, les sentiers et les marquages sont souvent invisibles, et la marche dans la neige est généralement plus physique que sur terrain sec. Dans ces conditions, il est recommandé de prévoir systématiquement une marge de temps supplémentaire sur son parcours.

Fonte des neiges: quand le ruisseau devient torrent

La neige n’est pas la seule source de danger en terrain (pré)alpin: l’eau peut également devenir une menace. Grossi par les eaux de fonte, un ru inoffensif peut se muer en un torrent tumultueux en l’espace de quelques instants. Un paramètre à ne pas négliger lorsqu’on randonne dans des gorges. De même, une traversée à gué indiquée sur une carte peut se révéler impossible du fait d’une crue soudaine. Il faut alors faire un détour, voire rebrousser chemin.

Le bon équipement pour une randonnée de printemps

  • Tenue comprenant plusieurs couches de vêtements et des protections contre la pluie et du vent
  • Équipement d’hiver avec veste chaude, gants et bonnet
  • Crème solaire à indice de protection élevée et lunettes de soleil foncées
  • Bâtons de trekking et, selon la situation d’enneigement, crampons ou chaînes de chaussures
  • Répulsifs contre les insectes et les tiques
  • Équipement standard, avec provisions, kit de premiers secours, cartes de randonnée, etc.

Météo: parer à toutes les éventualités

Au printemps, la météo est souvent capricieuse. On peut commencer une randonnée par une température agréable de 20 °C et voir le mercure chuter aux alentours de zéro en altitude. Il est recommandé de revêtir plusieurs couches de vêtements et d’emporter une veste chaude, des gants et un bonnet.

Des orages peuvent également survenir au printemps. Il faut donc prévoir de quoi se protéger contre la pluie et veiller à ne pas trop s’exposer. Et on se mettra en route de préférence tôt le matin, car à cette saison, la météo est souvent plus stable en début de journée.

La peau n’étant pas encore habituée à l’ensoleillement de la belle saison, il faut aussi prévoir une crème solaire à indice de protection élevé. De même, des lunettes de soleil sont indispensables, en particulier lorsqu’on prévoit de randonner dans un paysage enneigé, où la lumière réfléchie peut devenir aveuglante.

Hébergements et transports encore rares

Dans les régions alpines, de nombreuses infrastructures d’hébergement et de transport ne sont mises en service que tard dans la saison. Au printemps, nombreux sont les équipements encore en maintenance. Avant d’entreprendre une longue randonnée, il faut donc vérifier si les refuges et les chemins de fer de montagne sont déjà en activité. Pour cela, on privilégie les sources officielles, comme les sites des offices de tourisme régionaux ou le portail des cabanes du CAS.

Randonnées en plaine et plateau: sol instable et petites bêtes à l’affût

Même lorsqu’on randonne à des altitudes modestes, dans une nature verdoyante et à des températures douces, il reste quelques risques à prendre en compte. En hiver, les sentiers de randonnée sont peu ou pas entretenus. Lorsqu’arrive le printemps, ils sont souvent détrempés et couverts de feuilles et de branches qui masquent le sol, avec un risque de glissade et de chute.

Lorsque des sentiers ne sont pas praticables, leur fermeture est signalée sur les cartes officielles du géoportail de la Confédération – et ce, en toute saison. Moins visibles que les irrégularités du terrain, les tiques se tiennent en embuscade dans les hautes herbes et les buissons – et c’est au printemps et à l’automne qu’elles sont le plus actives. On prévoira des vêtements couvrants et fermés, ainsi que des répulsifs pour se protéger des insectes et autres petites bêtes. Cette page dédiée aux tiques sur le site de SWICA comprend des informations détaillées sur ces petits parasites et sur les réflexes à avoir en cas de piqûre.

En résumé: les conseils essentiels pour planifier une randonnée de printemps

  • En cas d’incertitude, ne pas hésiter à écourter la randonnée ou à la reporter
  • Tenir compte de sa condition physique dans la planification d’une randonnée
  • Prévoir une marge de temps suffisante et se mettre en route de bon matin
  • Consulter régulièrement la météo, les conditions d’enneigement et le bulletin d’avalanches
  • Consulter les webcams, les sites des offices de tourisme et des chemins de fer de montagne, et les infos sur les cabanes du CAS, en recherchant les informations les plus actuelles
  • Attention à la neige et aux cours d’eau (à partir de 1000 mètres d’altitude et dans les gorges): identifier à l’avance les cours d’eau susceptibles d’être en crue et éviter les ponts de neige. Toujours procéder également à sa propre évaluation des conditions sur place
  • Rester vigilant sur des sentiers pédestres encore non préparés et respecter les fermetures de sentiers