Humour, musique et contacts sociaux: des dopants naturels pour notre cerveau

La part des personnes âgées augmente en Suisse. Et la tendance va se poursuivre: selon des projections de la Confédération, l’espérance de vie des personnes nées en 2017 est de 93 à 95 ans. Evelyn Mauch, neurologue et médecin-cheffe chez santé24, explique l’importance des facultés cognitives pour un vieillissement en bonne santé et révèle comment lutter contre le déclin progressif des performances intellectuelles.

Siège de nos pensées et de nos émotions, le cerveau humain enregistre en permanence des signaux extérieurs et traite les impressions. À cet effet, il fait intervenir un ensemble complexe de facultés intellectuelles. Or notre cerveau vieillit, tout comme notre corps. L’activité des neurones – les cellules nerveuses – ralentit, et les performances cognitives comme la mémoire, la perception, la parole, l’ouïe ou la rapidité de traitement de l’information diminuent. Ce déclin peut être aggravé par des facteurs comme l’inactivité physique, le tabagisme, le manque de contacts sociaux ou encore l’hypertension et le diabète.

La bonne nouvelle: nous restons en grande partie maîtres de la destinée de notre cerveau. «Un mode de vie actif et équilibré contribue pour plus de 60 % à la santé cérébrale, affirme la neurologue Evelyn Mauch. Par ailleurs, un comportement sain permet de baisser de 43 % le risque de démence.» Autre facteur important pour un cerveau performant: l’alimentation. Le régime idéal contient peu de sucre et fait la part belle aux légumes, aux baies, aux protéines, aux acides gras oméga 3 et aux aliments non transformés.

Entretenir la santé de notre cerveau

«La recherche montre que de nouvelles cellules nerveuses se forment jusqu’à un âge avancé», déclare Evelyn Mauch. Car tout comme nous pouvons entretenir notre corps par le sport, nous pouvons entraîner notre cerveau. «Le cerveau a besoin de stimulations ludiques régulières pour rester performant. Il peut s’agir de nouvelles activités au travail ou d’un engagement social. Plus ces tâches procurent satisfaction et détente, plus elles activent de régions du cerveau et créent de connexions entre les cellules nerveuses, appelées synapses.» Par ailleurs, les personnes qui cultivent leur curiosité tout au long de leur vie, gardent leur sens de l’humour malgré l’actualité internationale et les coups du sort et entretiennent des contacts sociaux toutes générations confondues renforcent durablement leur cerveau et leur bien-être.


Tout le monde connaît la musique

«Il n’est jamais trop tard pour apprendre à jouer d’un instrument, indique Evelyn Mauch. Faire de la musique diminue le stress et active plusieurs zones du cerveau. L’entraînement musical favorise la concentration et la résolution de problèmes, renforce la mémoire et rend tout simplement heureux.» De plus, les progrès enregistrés après un certain temps exercent une influence positive sur le moral. Il en va de même pour la danse: se mouvoir au rythme de la musique stimule le système cardiovasculaire, mais aussi l’équilibre dynamique et l’orientation spatiale. Les pas et les rotations qui s’enchaînent exigent une grande concentration et stimulent le cerveau à divers niveaux. «Des études ont aussi montré que la pratique de la musique, de la danse ou du chant avec d’autres personnes accroît le sentiment d’appartenance et le bien-être», précise la médecin de santé24.

Prévention pour les seniors

Partenaire santé de confiance, SWICA encourage l’adoption d’un mode de vie actif par le biais de nombreuses mesures de prévention et de généreuses contributions à la promotion de la santé.

Questions à Barbara Studer, cofondatrice et CEO de Hirncoach AG

Barbara Studer

D'après la recherche, nous pouvons contrôler jusqu'à deux tiers de la santé de notre cerveau. Quelles sont les particularités du programme d’entraînement cérébral «Vieillir en forme»? Comment se présente-t-il et combien de temps y consacrer?

En adoptant un mode de vie sain et actif, on peut déjà exercer une grande influence sur la santé du cerveau. Nos entraînements visent à transmettre les résultats de la recherche sur le cerveau: ils mettent en évidence les facteurs de protection et incitent participantes et participants à intégrer les recommandations dans leur quotidien. Le programme contient en outre des défis et des exercices de stimulation ludique de la santé cognitive et de brèves vidéos sur des thèmes comme l'alimentation équilibrée. Afin d'obtenir des changements notables, il est recommandé de prendre une dizaine de minutes, deux à trois fois par semaine, pour effectuer les différents exercices de renforcement de la mémoire de travail.

Quel impact le programme «Vieillir en forme» a-t-il sur le risque de démence?
La recherche de ces dernières années a fait la lumière sur les facteurs qui favorisent la démence. Des méta-analyses, qui combinent les résultats d'études indépendantes, ont montré qu'un mode de vie sain permet de diminuer d'environ 40 % le risque de démence. Ces résultats sont encourageants. Certes, il n'est pas possible de stopper le vieillissement du cerveau. En revanche, nous pouvons en contrôler la vitesse. Nous connaissons aujourd'hui des mesures qui permettent de stimuler et de maintenir les fonctions cérébrales sur la durée. Par le biais de tels conseils et d'exercices ciblés, les participantes et participants du programme «Vieillir en forme» entraînent et protègent leur cerveau en continu. Ils créent ainsi une réserve cognitive. Cette ressource permet au cerveau de bien fonctionner et de rester performant malgré les processus de déclin biologiques liés à l'âge.

Quel lien existe-t-il entre capacité auditive et démence?

La diminution des stimuli auditifs entraîne des changements structurels au niveau du cerveau. Comme les personnes atteintes de déficience auditive doivent mobiliser des ressources intellectuelles plus importantes, il peut, par exemple, s'avérer très difficile pour elles de suivre une conversation. Il en résulte une dégradation de la réserve cognitive. Ce phénomène peut aussi déboucher sur un isolement social, car ces personnes s'excluent de la conversation par peur de ne plus être en mesure de la suivre. Selon des études récentes, l'isolement social peut nous coûter jusqu'à douze ans d'espérance de vie. C'est pourquoi il est important de préserver ses liens sociaux tant bien que mal, malgré la déficience, et, le cas échéant, de se renseigner auprès de spécialistes sur l'utilité d'un appareil auditif.

Pour prévenir la perte auditive, il est recommandé de protéger ses oreilles contre le bruit, dès le plus jeune âge. Il est possible de stimuler et d'entraîner sa capacité auditive au quotidien avec des exercices ludiques, par exemple en écoutant l'eau qui bout quand on cuisine, ou en se concentrant sur les voix des différentes personnes au sein d'un groupe. Autre possibilité: fermer les yeux lors d'une promenade en forêt et se mettre à l'affût des sons de la nature.

Selon des études récentes, l'isolement social peut nous coûter jusqu'à douze ans d'espérance de vie.
Le départ à la retraite est considéré comme une période de vulnérabilité. Pourquoi? Existe-t-il un entraînement spécifique?
La recherche nous apprend que la retraite peut constituer un facteur de risque en matière de démence. Pour de nombreuses personnes, la retraite s'accompagne d'un bouleversement des habitudes de vie. Les routines qui rythment le quotidien, comme se lever et aller travailler, disparaissent. On oublie souvent de donner une certaine structure à cette nouvelle étape de la vie et de la remplir d'activités épanouissantes. Même lorsque nous sommes à la retraite, notre cerveau a besoin de stimulation. La meilleure façon de conserver un cerveau performant consiste donc à garder une vie active, à préserver ses liens sociaux, à rencontrer des personnes de toutes générations et à donner du sens à sa vie. Le fait de rester ouvert aux rencontres et à la nouveauté aide aussi à changer l'image que l'on se fait de la vieillesse. Pour accompagner les jeunes retraitées et retraités, Hirncoach propose un programme numérique de six mois, appelé «Jetzt erst recht», qui fournit de nombreuses recommandations axées sur la santé du cerveau et donne accès à un forum d'échange.

Existe-t-il un lien entre le trouble de déficit de l'attention/hyperactivité et la démence?
Nous ne disposons pas encore de données suffisantes pour confirmer ce lien. Seules quelques observations semblent indiquer que les adultes souffrant de TDAH pourraient présenter un risque accru de développer une certaine forme de démence appelée maladie à corps de Lewy. Les scientifiques supposent que certains processus métaboliques modifiés chez les personnes atteintes de TDAH pourraient favoriser des déficits cognitifs. De nouvelles recherches sont néanmoins nécessaires pour confirmer ou infirmer ces corrélations. De plus, certaines personnes atteintes de TDAH, dépassées par leur situation, s'isolent, ce qui accroît le risque de démence.

SWICA soutient le programme de Hirncoach

Dans le cadre des prestations de prévention, SWICA prend en charge une partie du programme de Hirncoach au titre des assurances complémentaires. (COMPLETA PRAEVENTA: 50 % jusqu’à de 300 francs; OPTIMA: 90 % supplémentaires jusqu’à concurrence de 300 francs, par année civile).

Facteurs de déclin cognitif et de démence

  • Faible éducation en début de vie
  • Perte de l'audition
  • Traumatisme crânio-cérébral
  • Hypertension artérielle
  • Obésité
  • Consommation excessive d’alcool
  • Diabète
  • Dépression
  • Manque d’activité physique
  • Tabagisme
  • Isolement social
  • Troubles liés à la pollution de l'air

Source: Lancet

Exercices faciles pour tous les jours

Ces exercices faciles à effectuer au quotidien permettent de renforcer les capacités cognitives de façon ludique.

  • Attention. Porter le regard sur un point ou un objet et le fixer pendant un certain temps. Réfléchir à différentes façons d'utiliser cet objet.
  • Concentration. Former une phrase d'au moins cinq mots commençant tous par la même lettre. Augmenter la complexité et choisir une première lettre plus rare, comme le «v».
  • Respiration. S'asseoir confortablement, le dos droit. Inspirer profondément par le nez pendant trois secondes, retenir la respiration pendant trois secondes, expirer par la bouche pendant trois secondes et retenir une nouvelle fois la respiration pendant trois secondes.
  • Équilibre. En se brossant les dents, se tenir en alternance sur une jambe, puis sur l'autre (au moins 45 secondes par jambe).
  • Coordination. Le jonglage stimule l'échange entre les hémisphères cérébraux et améliore la réactivité. Commencer avec deux balles.
13.02.2024 / actualités 1-2024